Ethereum : le Yahoo de la blockchain?
Par Paul-Emile Chantrel
En 1999, Yahoo était une des plus grande entreprise au monde. En plein coeur de la bulle internet, elle possédait une capitalisation boursière de 125 Milliards de dollars [1]. Cette même année, une « startup » nommée Google était évaluée à 75 Millions de dollars [2] - soit presque 2000 fois moins. Quelques années plus tard, Google pris l’avantage pour devenir le géant qu’il est de nos jours laissant ainsi Yahoo dans l’ombre.
Aujourd’hui, Ethereum est le leader dans la chaîne de blocs en tant que protocol pour applications décentralisées (Dapps) et contrats intelligents mais de nombreux nouveaux projets cherchent à le détrôner. Arrivera t-il a garder sa place?
Dans cette article, nous discuterons du problème majeur qui doit être résolu pour qu’une chaîne de blocs devienne le leader dans l’écosystème : la scalabilité.
Nous discuterons également de quelques projets prometteur qui pourraient avoir une solution à ce problème et prendre la place d’Ethereum : Polkadot, Cardano et Binance Smart Chain.
Le trilemme de la chaîne de blocs
La structure d’une chaîne de blocs simple, comme Bitcoin ou Ethereum (1.0), doit respecter un trilemme. Seulement deux caractéristiques peuvent être retenues parmi les 3 suivantes : la sécurité, la décentralisation et la scalabilité.
La sécurité est le premier choix évident. Si une chaîne de blocs n’a pas de sécurité, alors il est facile de voler les cryptomonnaies et elle n’a donc aucune utilité.
Il faut donc ensuite choisir entre la décentralisation et la scalabilité. C’est-à-dire que plus une chaîne de blocs sera décentralisée moins elle pourra avoir d’utilisateurs ou de transactions par seconde. À l’inverse, une chaîne de blocs plus centralisée permettrait d’augmenter le nombre de transactions par seconde.
Il est possible de trouver un entre-deux et d’avoir une blockchain un peu moins décentralisée avec un peu plus de transactions par seconde mais il n’est pas possible d’avoir une blockchain totalement décentralisée avec beaucoup de transactions par seconde.
À l’heure actuelle, les chaînes de blocs Bitcoin et Ethereum sont fortement décentralisées et ont donc très peu de transactions par seconde. Lorsqu’elles sont congestionnées, les frais de transactions augmentes et rendent ces chaînes de blocs beaucoup moins utilisables.
À noter que le consensus de validation des blocs - PoW (preuve de travail) ou PoS (preuve d’enjeux) par exemple - n’a pas d’impact sur le nombre de transactions par seconde. C’est vraiment la structure même de la chaîne de blocs qui impose ce trilemme.
Pour augmenter sa scalabilité tout en restant décentralisée, Ethereum n’utilise plus une simple chaîne dans sa version 2.0. C’est ce dont nous allons désormais discuter.
L’écosystème Ethereum
Pour augmenter son nombre de transactions par seconde, la chaîne de blocs Ethereum souhaite ajouter des shards dans sa version 2.0.
Ces shards sont comme des chaînes de blocs qui évoluent parallèlement à une chaîne de blocs mère (aussi appelé 'beacon chain') et qui permettent de supporter davantage de transactions. Avoir plusieurs routes parallèles permet ainsi de décongestionner la route principale que serait une simple chaîne de blocs.
Si la fondation Ethereum arrive à mettre en place cela rapidement, Ethereum pourrait très bien rester la chaîne de blocs dominante en ce qui concerne les applications décentralisées et le contrats intelligents. Malheureusement, Ethereum est devenu un écosystème très complexe avec environ 3000 Dapps rattachées et est donc plus difficile à mettre à jours.
Les blockchains compétitrices
De nombreux projets cherchent à résoudre le problème de scalabilité et, si ils réussissent avant Ethereum, pourrait très bien prendre la première place.
Parmi ces projets, on retrouve entre autre Polkadot.
Polkadot a été fondé en 2016 par Gavin Wood, l’ancien co-fondateur et ancien CTO d’Ethereum. Ce projet est une version fonctionnel de ce que devrait être Ethereum 2.0 une fois terminé, c’est-à-dire, une chaîne de blocs avec des shards (ou parachaînes).
À l’heure actuelle, une cinquantaine de Dapps sont en cours de développement sur Polkadot. Il est possible que ce projet absorbe une grande partie des transactions d’Ethereum s’il continu d’avancer rapidement et que ses frais de transactions sont nettement inférieurs.
Un autre projet qui pourrait concurrencer Ethereum est Cardano.
Cardano a été fondé en 2015 par Charles Hoskinson, lui aussi co-fondateur d’Ethereum. Ce projet a pour but de créer le meilleur protocol de registre décentralisé possible en utilisant une revue par les paires pour chaque nouvelle implémentation. Le développement est beaucoup plus lent mais chaque pièce ajouté au puzzle est beaucoup plus robuste.
À l’heure actuelle, l’implémentation des contrats intelligents est en cours de développement sur Cardano. Ce projet a donc beaucoup de retard par rapport à Ethereum ou à Polkadot mais son fondateur, Charles Hoskinson, pense que la technologie aura une meilleure scalabilité qu’une chaîne de blocs avec des parachaînes lorsqu’elle sera aboutit.
Un autre projet pourrait encore concurrencer Ethereum : la nouvelle chaîne de blocs de Binance.
Binance, le plus grand échangeur de cryptomonnaies (en terme de volume) a récemment lancé sa propre chaîne de blocs : la Binance Smart Chain (BSC). BSC est une copie de la chaîne de blocs Ethereum qui fonctionne non pas avec du PoW mais avec une forme de PoS. Cette chaîne de blocs possède 21 noeuds de validation qui sont controlés par Binance.
Ce qui rend cette blockchain plus scalable c’est ... sa centralisation. Nous en revenons au trilemme.
En attendant, BSC attire énormément de projets. Il y a environ une cinquantaine de Dapps développées sur BSC et les frais de transactions sont très faible (0,2$ contre 40$ sur Ethereum). Ainsi, de nombreux utilisateurs migrent d’Ethereum vers BSC.
Voici quelques données pour comparer les deux réseaux (prisent le 20/02/2021):
Comme nous pouvons le voir sur ce tableau, Binance Smart Chain a plus d’utilisateurs quotidiens, plus de transactions quotidiennes et plus de volume de transaction qu’Ethereum. Cela vient du fait que le coût des transactions est bien plus faible sur BSC.
En revanche, la valeur totale des fonds bloquée dans des contrats intelligents est toujours supérieure sur la chaîne de blocs Ethereum. Cela montre qu’elle reste la plateforme dominante et que beaucoup d’utilisateurs lui porte toujours confiance.
Conclusion
Ethereum va t-il garder sa place de leader de marché?
Nous avons vu que le future leader de marché sera le projet qui résout le problème de scalabilité et attire de nombreux utilisateurs dans son écosystème.
Polkadot réussira probablement a résoudre ce problème avant Ethereum mais possède encore aujourd’hui un petit écosystème qu’il à besoin de développer.
Cardano, avance très lentement et pense avoir un system beaucoup plus robuste une fois terminé; mais réussira t’il a avoir assez d’engouement si sa technologie arrive trop tard?
La BSC de Binance a choisie une solution centralisée qui semble marcher à court terme puisque de nombreux utilisateurs migrent vers cet écosystème. Cependant, ces derniers pourraient très bien opter pour une solution décentralisée sur le long terme.
Il existe de nombreux projets qui souhaitent détrôner Ethereum et nous n’avons pas pu tous les mentionner ici (comme Elrond, Avalanche, Solana ou Cosmos). Peut-être même que celui qui réussira n’as pas encore été créé. Seul le temps nous le dira.
[1] Insider, This chart of Yahoo's market cap is just the most outrageous thing. : https://www.businessinsider.com/yahoo-market-cap-over-time-2016-7 (consulté le 20/02/2021)
[2] Crunchbase : https://www.crunchbase.com/funding_round/google-series-a--6c4715f9 (consulté le 20/02/2021)
[3] DappRadar : https://dappradar.com/industry-overview (consulté le 20/02/2021)
[4] Defi Pulse : https://defipulse.com (consulté le 20/02/2021)
[5] Defi Station : https://www.defistation.io (consulté le 20/02/2021)